Ma double vie d’entrepreneur

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Pilto   •   23 Février, 2022

Fondatrice de Pilto

Entreprendre peut passer parfois pour quelque chose de tendance et parait presque classique !

Lorsque l’on regarde les médias, on découvre chaque jour de nouvelles licornes, de nouvelles entreprises qui lèvent des millions d’euros… Nous avons l’impression que c’est basique. Que pour réussir il faut forcément lever des millions, réussir à se payer moins de 2 ans après le lancement et vendre son produit dans le monde entier au bout de 5 ans maximum.

Les difficultés de la vie d’entrepreneur

Nous ne nous rendons pas toujours compte de la pression que cela engendre sur les entrepreneurs.

Se comparer sans cesse à toutes les success stories que l’on voit autour de nous, que l’on nous montre dans les médias et dans les films. Voir que ses ventes n’égalisent pas telle ou telle entreprise à succès, au bout de la même période. Avouer que son business ne permet pas encore de se payer, au bout de 2 ans de travail acharné. Être honnête envers soi-même et vouloir retrouver un peu de vie sociale et travailler avec des collègues et non pas uniquement seul derrière son écran. Assumer le fait que pour y arriver il va falloir trouver un job à côté.

Essayons de changer les mentalités et modifions le regard que nous pouvons porter sur les startups. Non, ce n’est pas parce que nous travaillons en plus à côté, que notre projet ne fonctionne pas, que nous l’abandonnons ou qu’il est voué à l’échec.

L’histoire du jour, d’une vie

Je dois vous raconter une anecdote qui reflète bien le problème de jugement et la pression que nous mettons sur les entrepreneurs. J’étais au téléphone avec une personne et notre échange m’a glacé. « Oh il a été obligé de prendre un job à côté, son projet ne fonctionne pas…». La personne au bout du fil ne le savait pas mais ce projet en question je le connais. Cet entrepreneur-là, je le connais. Et je sais très bien que son projet fonctionne. Mais comme des milliers de projets, celui-ci a besoin de temps pour pleinement se développer et les ressources sont nécessaires pour y arriver.

Ce n’est en effet pas toujours évident de pouvoir se payer malgré la réussite (modeste parfois, mais existante) d’un projet. La phrase que cette personne a prononcée, est exactement ce que je craignais pour Pilto. Que les personnes décrédibilisent Pilto en apprenant que je cherche un travail à côté. Qu’ils associent mon double job à la fin de Pilto, au fait que le jeu ne plait pas et qu’il ne se vend pas. Or c’est faux. La Fnac recommande encore plus de Pilto pour cette année, car satisfaite des ventes de l’an dernier. Des magasins indépendants m’appellent pour pouvoir passer commande de jeux. Des clients commandent sur mon site même en janvier ! Ce qui, je le rappelle, est assez incroyable pour un jeu d’extérieur en bois. Mais quel que soit le succès d’un projet, un rien peu ébranler l’image que les personnes ont de celui-ci.

Sauter dans le grand bain

Et oui, vous l’aurez compris, j’ai mis 4 mois, 3 jours et 2 heures à vous annoncer que j’ai deux jobs. Deux emplois différents et épanouissants, challengeants et enrichissants. L’un ne me rapportant pas assez pour y être à 100%, l’autre assez intéressant pour que j’accepte d’y consacrer un « plein-temps » et non un « mi-temps » comme je le souhaitais à l’origine.

Cette définition de plein-temps est évidemment erronée lorsque l’on a un travail salarié et une entreprise à gérer de l’autre côté. D’autant plus que j’ai eu la merveilleuse idée de me lancer dans ce double défi au mois d’octobre. Et ceux qui suivent l’aventure Pilto depuis le début sauront que c’est la deuxième période la plus dense et importante pour notre merveilleux jeu d’extérieur. Acheter un jeu de plein air pour les beaux jours est assez classique, mais il ne faut pas oublier que celui-ci est également énormément offert pour Noël.

Les journées comptent double

Je dois vous avouer que le début n’a pas été si facile. Après ma journée de travail, j’arrive chez moi et je m’installe directement à mon bureau pour gérer les mails, préparer les commandes, gérer ma comptabilité…Je me suis même étonnée moi-même, à plusieurs reprises, sur le fait que c’était comme quelque chose de normal, classique. Cela m’a presque fait peur je dois vous l’avouer, mais m’a également rassuré, j’ai de l’énergie à consacrer à mes deux projets.

Cependant, je n’y serais pas arrivée sans l’aide de mes proches. Cela peut paraitre cliché, mais c’est la vérité. Aussi bien une aide au niveau de la logistique et des envois, mais aussi un soutien moral. Je ne les remercierais jamais assez !

Créer son propre chemin

Aujourd’hui, le rythme est pris et je jongle entre les deux. Il y a les week-ends et les soirs pour mon Pilto préféré et la semaine pour mon travail chez Gens de Confiance. Ce travail, je ne l’ai pas choisi au hasard. Je voulais un job qui a du sens, entouré de personnes inspirantes et avec qui j’aurais envie de partager des choses. C’est mission accomplie !

Alors s’il vous plait, ne jugez pas la réussite d’un projet au simple fait que son fondateur travaille en plus à côté ou que celui-ci n’ait pas (encore ?) levé des millions ni traversé les frontières.

Je suis entourée d’entrepreneurs qui vivent exactement la même chose. Laissons chacun tracer sa propre route sans mettre des bâtons dans les roues avec des préjugés.

Aidons-les, soutenons-les encore plus !